Si vous louez un appartement pour vos vacances, vous cohabiterez probablement avec un de ces horribles petits bouddhas décoratifs. Ils signalent avec fort peu de discrétion le mauvais goût et le conformisme du décorateur, plus que sa réelle spiritualité bouddhiste. Peu de chances que vous ne trouviez une Vierge ou un crucifix, comme s’il s’agissait d’un tabou. Bouddha, yoga, mantra, dalaï lama et pourquoi pas chiatsu, zen et chi renvoient dans l’imaginaire occidental à une spiritualité exotique, donc vertueuse. Le crucifix, les calvaires, renvoient à la poussière des patenôtres et des pénitents, voire à l’Inquisition ou à la combustion récréative d’hérétiques.
Lanza del Vasto a parfaitement su incarner de cet appel à l’exotisme pour délivrer son message : enseignements pied-nus dans l’herbe, non-violence radicale, dialogue avec Gandhi et pensée profondément écologiste à une époque où celle-ci était marginale (les années 70). Coqueluche de nombre d’écologistes, figure du Larzac et du pacifisme, son enseignement n’est pourtant rien d’autre qu’un concentré de doctrine sur la liberté, la charité, le rôle du péché et même le Diable. Lanza a su adapter sa pastorale, dirions-nous aujourd’hui, sans rien renier des enseignements de Saint Thomas d’Aquin.
Ce petit livre surprenant est pour votre voisine cherchant à activer sa kundalini, pour votre oncle druide à mi-temps et pour toute personne oubliant un peu trop souvent que les « cathos » aussi ont une « spiritualité » au sens où l’entendent nos contemporains. Si ce livre leur plaît, vous pourrez leur faire découvrir le père Joseph-Marie Verlinde, longtemps curé du morceau de Cévennes où Lanza repose désormais.
Article initialement publié dans le journal paroissial du pays de Rouillac.
Enzo Sandré