Je ne suis pas un maître ès développement, mais j’aspire à le devenir. Hélas, avec la disparition des ordres professionnels et la Loi Le Chapelier, il n’y a plus de maîtres en France. Je me suis donc résigné, sans maître. Cette déclaration peut paraître d’un orgueil fou, mais notre profession est neuve, surtout en France. Les anglo-saxons n’ont pas cette culture corporative propre aux pays latins, rien n’est à attendre d’eux. Faute d’alternative, je me lance, quitte à me planter. Faute de corporations pour faire des maîtres, je me ferai moi-même maître.
Les chambres des métiers proposent bien d’obtenir un titre de maître-artisan, mais à en juger les conditions, ce n’est que l’ombre de ce que furent les maîtres de l’âge d’or de l’artisanat. Il n’y a pas non plus d’Ordre des Développeurs et il n’y en aura probablement pas avant longtemps, tant les tentatives restent au point mort depuis plusieurs années. C’est donc contraint que j’entame cette démarche de me fixer moi-même des objectifs avant de pouvoir m’afficher comme maître-développeur la conscience tranquille.
Cette check-list est personnelle, mais j’invite chaque lecteur à l’augmenter ou la critiquer.
La check-list
- Maintenir un logiciel en production depuis au moins 10 ans sans redémarrage du projet.
- Avoir 10 ans d’expérience réelle.
- Créer un chef d’œuvre et le présenter à 5 développeurs reconnus par la communauté francophone.
- Avoir donné un talk dans un évènement d’envergure internationale.
- Avoir publié un article dans une revue à comité de lecture.
- Avoir fixé la problématique de ma thèse et avoir trouvé un moyen de la débuter en restant indépendant, sans contrainte de délais.
- Avoir accueilli 3 stagiaires sur des périodes longues (> 2 mois). Cela suppose la fin des travaux de l’atelier (actuellement en second œuvre).
- Publier une réécriture du mon mémoire de Master, largement insatisfaisant.
- Devenir éditeur d’un logiciel commercial.
A ce jour, aucune de ces conditions n’est satisfaite. Les deux premières sont les plus proches, en 2023 précisément. Je publierai mon avancement sur le fil.
J’espère que cette démarche portera ses fruits et amènera à la structuration de notre profession. Nous ne pouvons pas collectivement refaire les mêmes erreurs tous les 30 ans.
Enzo Sandré