Quand on traite de l’affaire Unabomber, la médiocrité n’est pas permise. Sauf à vouloir enterrer politiquement le personnage, il est impensable de peindre l’auteur de « La société industrielle et son avenir » sans évoquer les idées qu’il défend. La série a fait le choix d’occulter le fond au profit d’une analyse psychologique fade et improbable.
Enfant solitaire, adolescent trahi, jeune génie manipulé par le fumeux projet MKUltra : le cursus honorum du génie du mal transforme Kaczynski en cliché. Le procès final est une synthèse de pitrerie sans lien avec le réel où des protagonistes grotesques viennent ôter sa dignité à un personnage malmené. Le vrai Kaczynski doit enrager dans sa cellule.
Le personnage de Jim Fitzgerald sauve la série. Ce policier modèle à l’intuition perçante finira par coincer Unabomber en habitant le personnage. Obnubilé par l’affaire et par le Manifeste, il devra refuser d’être un rouage obéissant et penser différemment pour réussir. Il en paiera le prix : l’exclusion sociale.
Enzo Sandré