Le septième Forum international de la cybersécurité (FIC) vient de se tenir à Lille. Il est à la fois le relais et la sonde de la stratégie française en matière de sécurité des systèmes d’information. Cette manifestation étantétroitement liée à l’État, le discours d’ouverture a porté, sans surprise, sur la lutte contre le “cyberdjihadisme” et le renforcement de la surveillance. Ce discours anxiogène a, hélas, masqué le véritable intérêt du FIC : les dizaines de PME françaises et européennes venues nouer des liens entre elles et présenter leurs innovations. Si beaucoup n’ont fait qu’industrialiser des technologies méconnues venues du monde du logiciel libre, quelques acteurs ont su proposer aux entreprises des services de pointe à forte valeur ajoutée. Trois innovations ont retenu notre attention. La première est signée AriadNext, startup rennaise créatrice d’un service de validation en temps réel de documents officiels (passeports, RIB…). Leur produit, développé en partenariat avec l’administration, permet une sécurisation des souscriptions et une réduction du nombre de fraudes.
Capgemini tend un piège aux pirates
La deuxième est le système d’authentification de la société GenMSecure. Celle-ci a bâti une application ergonomique, remplaçant à la fois le traditionnel identifiant-mot de passe et les codes de validation par SMS pour toutes les transactions sensibles. Lorsqu’une opération requiert l’autorisation de l’utilisateur, celui-ci la confirme avec son téléphone, de manière sécurisée, par le biais d’un code unique. Citons enfin Capgemini, pour son positionnement sur le marché embryonnaire mais prometteur des honeypots. Un honeypot est un piège destiné aux cyberattaquants : s’il est invisible pour l’utilisateur normal, il attire dans un piège celui qui cherche à déjouer les mesures de sécurité. Quand un attaquant tente de s’introduire dans ce piège, il est automatiquement banni. Ce septième FIC s’est donc montré très positif. Plus d’une centaine d’exposants, des milliers de visiteurs et un secteur inventif.
Si le marché européen n’est rien par rapport au géant américain, le développement d’une expertise “locale” est capital dans une optique d’indépendance stratégique. Laisser les Américains ou toute autre puissance avoir pour clients des entreprises françaises revient à leur offrir l’accès à nos données… Le développement et la préservation d’une expertise française est en ce sens une priorité stratégique majeure.
Enzo Sandré